mardi 19 mars 2013

Abbé mousse Pape âme


   Oui, je l'ai orthographié en mots français, parce que le latin est une langue morte, n'en déplaise à certains cardinaux, et il faut vraiment avoir une langue bien pendue pour le parler encore. L'élection du pape est un évènement rare, qu'on a l'occasion de voir que quelques fois dans sa vie. Mais c'est surtout pour son potentiel comique que je souhaite en parler.

   Il faut toutefois relativiser l'importance de l’intronisation, le Nord-ouest de la France avait déjà revêtu son manteau blanc au moins un jour avant le nouveau pape, posant d'ailleurs des problèmes de transport monu-manteaux. Je précise quand-même que le manteau neigeux n'a pas recouvert toute la France, la plupart des provinces ont été épargnées ; mais les infos laissaient penser le contraire. Ah ça, quand la sacro-sainte capitale est touchée... Donc à Lyon on avait le choix entre les plaindre, où comme le font la plupart des citoyens de nos sociétés individualistes, s'en foutre royalement (ou plutôt religieusement, pour en revenir au thème principal).

   Les faits parlent d'eux-même. On a vu une foule de milliers de fidèles s'agglutiner sur la place Saint-Pierre de Rome, certains venus des confins du monde, bravant la pluie et le froid pendant des heures, les yeux rivés sur la fumée noire s'échappant d'une vielle cheminée, dans le seul but de la voir virer au blanc. On pourrait facilement y voir une connotation raciste : c'est encore les noirs qui nous font attendre et douter, tandis que les blancs apportent la solution. ils pourraient d'ailleurs ne pas mettre de fumée du tout, ce qui serait plus écologique, et au moment des résultats, émettre une fumée correspondant à la couleur de peau du pape élu. Remarquez, ça ne changerait pas grand chose...la fumée resterait blanche de toute façon.

   On assistait impuissants aux monologues des présentateurs du JT, répétant en boucle les mêmes infos, et se perdant dans les détails inintéressants de l'organisation de l'élection papale. Les plus téméraires allant jusqu'à expliquer la composition chimique des matériaux colorants les fumées. Les plus malins meublant avec les intempéries touchant le nord de la France. Mais on avait peut-être pas besoin de savoir que Mr Durant, bloqué dans sa voiture par la neige à 17h18 avait fini par rejoindre à pied sur 8 km, le centre culturel de Chauvranche-en-Brieche, accompagné de son fils Lucas âgé de 6 ans, pour y trouver un hébergement provisoire.

   Le secret autour de l'élection, et l'attente interminable qu'elle fait subir aux croyants pousse tout cerveau humain à imaginer, plus ou moins sérieusement, une explication aux procédures utilisées. J'ai d'abord pensé à un tournoi de poker organisé entre tous les cardinaux,  qui pourrait prendre facilement 2 jours ; et puis finalement, je me suis dit que les ecclésiastiques étaient sans doute plus enfantins qu'on ne le pense : la bonne vieille technique du plouf-plouf a très bien pu être utilisée, car multipliée par 112 cardinaux, cela peut en effet prendre du temps.

   Puis, au bout de 3 heures, un cardinal surgit au balcon du palais apostolique, baragouinant quelques phrases en latin parfaitement incompréhensibles même pour les italiens, sans doute un moyen maladroit de ménager le suspense. Un quart d'heure plut tard, plusieurs cardinaux se pointent, au même balcon, dans leurs tenues "hospitalières" rouges, et l'on pense que le pape va arriver. Peine perdue, les trois papys écarlates sortent une grande nappe pourpre qu'ils secouent au balcon, comme pour mieux en chasser les miettes. Ils venait en fait tranquillement de diner entre eux, tels des dieux dans leur acropole, indifférents aux attentes des hommes.

   Puis enfin, apparait au balcon, dans une entrée qui n'a rien de spectaculaire, une silhouette qui ne l'est pas plus, mais qui se présente bien comme étant le nouveau pape. On entend distinctement le nom de Francisco. D'ailleurs, on ne manquera pas de s'étonner en apprenant plus tard qu'il est jésuite et non franciscain. Mais le meilleur, c'est lorsqu'on apprend son nom officiel:  François 1er. Ça et les gardes suisses en tenue de piquier du 16ème siècle, l'Eglise semble en effet bien partie pour la Renaissance attendue (mais plutôt la période historique). Enfin Je ne peux m'empêcher de voir dans le choix d'un pape argentin d'origine italienne, le résultat d'un compromis entre les traditionalistes souhaitant le retour d'un pape italien au saint-sépulcre, et les cardinaux plus moderne partisans d'un pape sud-américain.

...Bon assez papoté sur la papoté ! Laissons le souverain pensif à ses réflexions.


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